L’éléphant dans la pièce

L’éléphant dans la pièce

Ma conscience explose, ma raison attaque au char d’assaut mes sentiments, mon cœur qui se dégèle. Le printemps est arrivé plus tard cette année, ma personne étant toujours emprisonnée dans cette boule à neige, décoration oubliée au mois de janvier. Depuis la saison des couleurs changeantes, ma conscience tente d’oublier des paroles si fortement prononcées, celle qui composent mon opposé. Les mêmes paroles qui m’ont fait comprendre que je ne serais jamais assez, qui m’ont poussé à prendre la fuite. La compréhension, vous l'acquittez maintenant ? J’étais déjà petite, mais à ce moment, j’avais besoin de me faire encore plus petite, toujours plus petite. L’extraversion ne sera jamais assez présente, l’envie des beuveries et des petites nuits non plus, tout comme être assez femme ne sera jamais ma première caractéristique physique. Être juste assez imaginative pour m’enfuir entre les touches de mon clavier, entre les lignes de mes documents word, sera pour toujours mon carcan.

Le jour où tu m’as juré que j’étais assez, je suis revenue. Mon corps n’était qu’une carcasse, qu’une carapace, ce qui comptait réellement c’était ce qu’il y avait à l’intérieur. Tranquillement, je suis revenue, j’ai compté les jours, et le décompte de minuit, avec et sans toi. Je suis revenue, heureuse et pleine d’ambition. Autant que celle qu’on avait tous pour toi. Je suis revenue me coller sur ton sofa, 18 jours avant la concrétisation de paroles pas si rapidement oubliées, avant que tu ne brises toutes tes belles promesses. Parler en l’air, donner une belle apparence à tes paroles, on avait raison de dire que c’était ton talent. Ironique, c’est ça qui arrive quand tu prends l’or pour acquis, le lingot se faufile entre tes doigts et t’échappe. Tu l’échappes, tu m’échappes. Tu m'as échappé, tu l'as attrapé. Les mots sont revenus me happer à la vitesse d’un dix roues. Je n’étais pas assez, aucune façon de me prouver le contraire, je ne serais jamais assez. Je suis une ombre, celle qu’on oublie, celle qu’on ignore. Rester dans l’ombre aussi longtemps ne faisait maintenant que trop de sens. C’est tout ce que j’étais à tes yeux.

De la taille d’une fourmis, je me suis à nouveau sentie comme l’éléphant dans la pièce. À nouveau, je ne suis tout juste qu’assez pour m’enfuir dans mes mots. Et encore là, ils sont tachetés d’une rancune qu’aucune touche ne peut effacer. Pourtant, je me suis lavée à la fosfomycine et je me suis noyée dans des bains de jus de canneberge.

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